mardi 3 février 2015

Cancer : un vaccin antirechute testé à Besançon

ON l’appelle vaccin universel anticancer, mais l’UCP-Vax ne protège pas contre le cancer. Utilisé en complément d’un traitement de chirurgie, chimiothérapie ou radiothérapie, il doit renforcer le système immunitaire de patients déjà traités pour un cancer et vise donc à empêcher une récidive. L’immunothérapie représente aujourd’hui l’une des approches les plus prometteuses en cancérologie.
À Besançon, les travaux, sur l’UCP-Vax ont commencé en 2009. « Il existe certes autant de systèmes immunitaires que de personnes. À l’intérieur même d’un cancer, qu’il soit du poumon ou du sein, il existe différents types de cancers. Enfin, le cancer peut s’échapper en éliminant la protéine de la chimiothérapie. L’originalité de ce vaccin, c’est qu’il lève ces trois barrières à l’efficacité. L’UCP-Vax agit sur le système immunitaire, et plus spécifiquement sur la télomérase, c’est-à-dire les enzymes qui confèrent un pouvoir d’immortalité aux cellules cancéreuses. Cette télomérase étant présente dans de nombreux cancers, ce vaccin est universel », expliquent les professeurs Olivier Adotevi et Christophe Borg, oncologues.
À leurs élèves, ils livrent une version imagée de l’action de ce vaccin. « 95 % des vaccins contre le cancer apprennent aux soldats que sont les anticorps à se battre ; celui-là s’adresse aux officiers qui coordonnent le travail des soldats contre l’attaque de la cellule tumorale. »
Parce que les cellules gardent en mémoire les effets d’un traitement, les chercheurs savent déjà que ce vaccin permettra d’étudier et de comprendre la façon dont le système immunitaire se mobilise contre un cancer.
L’équipe bisontine a déjà vérifié la non-toxicité du vaccin UCP-Vax ; en juin prochain, elle procédera aux essais cliniques sur 54 patients sélectionnés sur des critères très rigoureux entre Besançon, Strasbourg, Dijon et Paris. « Il faut compter une année par patient, à raison d’un vaccin tous les deux mois, pour tester la réponse immunitaire des patients et valider l’efficacité du vaccin. » Si les résultats sont concluants, ce vaccin pourrait être sur le marché dans trois ans.
Certes, ce vaccin a une vocation universelle, puisqu’il est potentiellement utilisable sur tous types de cancers. Pourtant, les patients retenus pour les essais cliniques seront atteints d’un cancer des poumons. L’équipe médicale rappelle que ce dernier représente la première cause de décès par cancer dans le monde. « Avec 3 900 cas nouveaux en 2012. En matière de cancer, seul un diagnostic précoce autorise une chirurgie curatrice. Or, les symptômes du cancer du poumon apparaissent à un stade avancé de la maladie », explique le professeur Virginie Westeel, pneumologue. Ce vaccin représente donc une porte ouverte vers la guérison, une chance supplémentaire pour les malades.
La recherche, ce sont d’abord des hommes. Ici, ils sont emmenés par les professeurs Olivier Adotevi, oncologue, Virginie Westeel, pneumologue, Christophe Borg, oncologue, et Macha Woronoff-Lemsi, vice-président recherche au CHRU. Des hommes venus de Paris ou d’ailleurs pour travailler spécifiquement sur un projet de recherche.
La recherche aboutit parce qu’ils lui ont adjoint la pratique hospitalière. La recherche avance parce que CHRU et l’université de Franche-Comté travaillent ensemble, avec l’INSERM, l’EFS.
La recherche avance grâce à des financements. Ici, l’innovation thérapeutique a été sélectionnée, avec 40 autres dossiers en France, dans le cadre d’un programme hospitalier de recherche clinique « cancer » du ministère de la Santé, qui a versé 450 000 €. Elle bénéficie également du soutien de l’Institut national du cancer, de la Ligue contre le cancer du Cancéropôle Grand Est et de la Région Franche-Comté.
À l’issue des phases d’essais, il conviendra donc de chercher des collaborations industrielles. Déjà des entreprises suivent de très près les travaux bisontins.
http://www.estrepublicain.fr/actualite/2015/02/03/cancer-un-vaccin-antirechute

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