samedi 12 juillet 2014

Les prix élevés des labos pharmaceutiques dans le viseur

Mercredi, la Commission européenne a sanctionné par une amende de 331 M€ les pratiques anticoncurrentielles du laboratoire Servier. Le deuxième laboratoire français est accusé d'avoir entravé la mise sur le des versions génériques de son Périndopril, utilisé contre les troubles cardiovasculaires.
L'amende sera-t-elle assez dissuasive pour faire rentrer dans le rang les labos indélicats ? C'est peu probable. Confrontés à la difficulté de trouver de nouvelles molécules profitables -- et à des coûts de recherche exponentiels --, certains labos dérivent.

Médecin du monde craint le tri des patients par l'argent

La dernière pratique en vogue consiste à racheter à prix d'or les start-up qui découvrent les médicaments de demain. Des opérations coûteuses que les labos doivent bien finir par répercuter sur leurs prix pour les rentabiliser. En juin, le géant américain
a ainsi déboursé 2,8 Mds€ pour son compatriote Idenix, créé en 1998 et propriétaire de trois nouvelles molécules prometteuses contre l'hépatite C. Mine de rien, Merck a gagné du temps et de l'argent : un nouveau médicament coûte 3,9 Mds€ à développer, selon une étude du magazine « Forbes » de 2013 portant sur 227 médicaments.

Le britannique Gilead, lui, a mis sur la table 8 Mds€ pour acquérir Pharmasset, découvreur de la sofosbuvir. Cette molécule commercialisée sous le nom Sovaldi est très efficace contre l'hépatite C. Mais Gilead réclame à l'assurance maladie 56 000 € par patient traité. Un prix jugé exorbitant par cinq députés qui ont demandé des explications. Et que dire du Tecfidera, remède prometteur contre la sclérose en plaques facturé 30 000 € par patient et par an, alors qu'un pharmacien suisse le fabrique et le vend... 2 500 € !

Ces pratiques, encore limitées à quelques firmes, commencent à susciter des réactions. Il y a d'abord eu en mars l'amende de 182 M€ infligée par l'Italie aux suisses Roche et Novartis pour entente autour du Lucentis, prescrit contre les pertes de vue liées à l'âge. La Haute Autorité de
, habituellement réservée, a pour sa part dénoncé les prix anormalement élevés des traitements contre l'hépatite C. Médecin du Monde redoute de son côté que ces prix gonflés ne se soldent, à terme, « par un tri des patients », entre ceux qui auront les moyens d'y accéder et les autres.

Jeudi, la ministre de la Santé, Marisol Touraine, a annoncé avoir mobilisé 14 de ses collègues européens pour contrer les ambitions des laboratoires. Première cible, Gilead.

« Nous allons négocier pays par pays, parce que c'est comme ça que ça se passe, mais en échangeant nos informations et en discutant entre pays européens. Le prix va baisser, nous nous y engageons », a-t-elle assuré sur BFM. On est tentés de dire : il était temps.


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