Jacqueline Tiarti, mère d’une enfant autiste, souhaite obtenir des soins adaptés pour sa fille de 7 ans. Elle refuse la méthode psychanalytique.
8 jours déjà que Jacqueline Tiarti, de Clamart (Hauts-de-Seine), a cessé de s’alimenter. C’est le seul moyen qu’elle a trouvé pour être entendue. Elle se bat pour que Mélissa, sa fille autiste de 7 ans, obtienne un Sessad (Service d’éducation spéciale et de soins à domicile), un éducateur à domicile. Elle est sur liste d’attente depuis deux ans et demi, sans succès.
Le « monopole de la psychanalyse »
Il faut dire que les professionnels formés aux méthodes éducatives sont rares. En France, l’approche psychanalytique demeure privilégiée dans la prise en charge de l’autisme. Une méthode que Jacqueline rejette avec force : « Les enfants sont surmédicalisés et végètent toute la journée, alors qu’ils ont besoin d’être stimulés et de travailler leur autonomie. »
« La psychanalyse considère que l’autisme est une psychose, un choix inconscient, et culpabilise les parents », souligne Danièle Langloys, présidente d’Autisme France. « Elle ne donne pas d’outils de communication aux enfants. »
L’association Autisme France dénonce le « monopole de la psychanalyse » dans les instituts médicaux publics, et leur « maillage de fait du territoire ». Même si, dans ses recommandations, la Haute autorité de santé (HAS) met en avant les méthodes comportementales, les psychologues spécialisés sont extrêmement rares.
Manque d’éducateurs
Pierre Canouï, pédopsychiatre et président de la Fédération Française de Psychothérapie et Psychanalyse, le reconnaît : « Je comprends l’exaspération de ces mères. Les méthodes éducatives ont leur place dans le traitement de l’autisme et il est impossible de trouver des éducateurs formés ou des places en institutions. C’est une erreur d’être dans le tout-psychanalytique, comme ce serait une erreur de verser dans le tout-rééducatif. Les deux méthodes sont liées et indispensables. »
Résultat : des listes d’attente interminables pour les instituts aux méthodes éducatives, et des parents souvent contraints de faire appel à des professionnels en libéral.
2 500 € par mois pour la prise en charge
C’est le choix qu’a fait Jacqueline Tiarti. Pendant des années, elle a eu recours à des psychologues libéraux formés aux méthodes comportementales, avec un « effet très bénéfique ». Elle qui a cessé de travailler en 2008 pour s’occuper de sa fille a dû s’endetter : « Orthophoniste, psychomotricien, psychologue… Pour une bonne prise en charge, il faut compter 2 500 € par mois. » Or, l’allocation d’éducation de l’enfant handicapé (AEEH) qui lui est versée a été réduite de moitié en décembre 2012, de 1 100 € à 600 €. Aujourd’hui, elle ne peut plus financer les séances, et voit les progrès faits par sa fille s’estomper. Ses appels à la MDPH et à l’Agence régionale de santé sont pour l’instant restés lettre morte.
Le combat d’une autre mère
En Seine-et-Marne, après une grève de la faim de 12 jours, Agnès Regardin, la maman d’un jeune autiste de 14 ans, se bute aux mêmes obstacles avec Mattéo, son fils autiste de 14 ans. Il est soigné depuis 3 ans dans un Institut médico-éducatif (IME) à la vision psychanalytique. « Une dégringolade, se désole Agnès. Il a régressé, est redevenu violent, sale. Il n’arrive plus à communiquer et je ne peux pas le gérer. Il fait des crises terribles. »
La maman a fait une demande de changement d’établissement auprès de la MDPH (Maison départementale des personnes handicapées). Son fils est sur liste d’attente depuis des mois déjà. Après une grève de la faim de 12 jours, Agnès a finalement obtenu une réunion avec les acteurs concernés, vendredi prochain. « Je ne crie pas victoire, mais j’ai bon espoir. » Jacqueline, elle, attend toujours.
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