Tout a commencé avec le strabisme. En injectant un peu de toxine dans le muscle oculomoteur responsable du mauvais positionnement de l'oeil, des ophtalmologistes ont réussi à restaurer la vision binoculaire et à éviter le recours à la chirurgie. Rapidement, ce médicament s'est montré efficace dans des pathologies variées, handicapantes et souvent douloureuses, aux noms barbares, comme le blépharospasme (la contraction involontaire et inappropriée des muscles des paupières), le torticolis spasmodique, le spasme hémifacial (la contraction involontaire des petits muscles innervés par le nerf facial) ou la crampe de l'écrivain. Les neurologues restent d'ailleurs les plus gros utilisateurs de ce médicament.
La toxine botulique est également très utile pour traiter la spasticité (l'excès de tonicité musculaire) d'un membre, notamment chez les personnes devenues hémiplégiques ou paraplégiques à la suite d'un accident et chez les infirmes moteurs cérébraux. C'est, selon les spécialistes, le meilleur moyen d'empêcher leurs membres de se recroqueviller dans de mauvaises positions et de permettre de faire une bonne rééducation.
De nombreuses recherches en cours
En septembre dernier, le Botox a reçu une autorisation de mise sur le marché (la fameuse AMM) dans une nouvelle indication : l'hyperactivité de la vessie d'origine neurologique des personnes atteintes de sclérose en plaques et chez les traumatisés de la moelle épinière. Chez ces patients, le muscle de la vessie se contracte durant la phase de remplissage, alors qu'il devrait être relâché, ce qui entraîne des problèmes d'incontinence urinaire et d'infections à répétition. La toxine botulique peut apporter une aide précieuse, mais à condition que la personne concernée soit capable de se sonder régulièrement pour vider sa vessie.
Au cours des mois à venir, cette précieuse toxine pourrait être injectée chez certains hommes souffrant d'un adénome de la prostate. Cette affection bénigne provoque, entre autres, une augmentation du nombre de fibres musculaires et de leur capacité à se contracter, ce qui est à l'origine de troubles urinaires (mictions fréquentes, difficiles, peu abondantes et envies urgentes). En France, plusieurs centres d'urologie évaluent actuellement ce traitement réalisable sous anesthésie locale.
De nombreuses études concernent également les effets de la toxine botulique contre la douleur. Certaines portent sur des douleurs neurologiques localisées, comme celles dues au zona ou au diabète. D'autres concernent la migraine chronique (le Botox a reçu récemment en Grande-Bretagne une AMM comme traitement de fond de la migraine chronique). Des essais portent actuellement sur les douleurs articulaires. Ce médicament est aussi parfois proposé aux personnes qui grincent fort des dents la nuit et à celles qui souffrent d'hypersalivation sévère. Il pourrait faciliter la cicatrisation en empêchant les muscles de la peau d'exercer une traction au niveau de la plaie.
Cette longue liste n'est pas exhaustive et la toxine botulique fait encore actuellement l'objet de nombreuses recherches. Hormis la nécessité de l'injecter - ce qui n'est pas toujours une partie de plaisir, selon les malades -, l'autre inconvénient de ce médicament est sa courte durée d'action, ce qui oblige à renouveler le traitement régulièrement. En tout cas, tant que de nouvelles formules à action plus durable n'ont pas été mises au point.
Par Anne Jeanblanc
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