dimanche 22 janvier 2012

Le décret qui met les hypertendus sous tension

"Une erreur médicale colossale". Le professeur Joël Ménard, ancien directeur général de la Santé, n'en revient toujours pas. Pourquoi les autorités sanitaires ont-elles décidé de mettre fin à la prise en charge à 100 % des patients atteints d'hypertension artérielle sévère ? Motif invoqué dans le décret du 24 juin, qui officialise cette décision : "la HTA" était la seule affection de longue durée (ALD) à n'être qu'un facteur de risque, et pas une pathologie avérée. En somme, la sécurité sociale ne remboursera plus complètement ces personnes car elles souffrent d'un mal qui peut induire de graves maladies, et non pas d'une maladie directement.

Risques réels

Jusqu'à présent, "la HTA sévère" jouissait en effet du statut d'ALD, qui permet au patient d'être exonéré du ticket modérateur pour tous les soins et médicaments se rapportant à sa maladie. Sans cette prise en charge totale, les 10 % des 10 millions d'hypertendus pour qui la pathologie est dite "sévère" doivent donc s'acquitter de frais qui restent à leur charge. Mais selon le professeur Ménard, 10 % de ce million de malades n'auront pas les moyens de continuer à se soigner, soit 100 000 patients précipités dans une "zone à risque". Car à raison de 3 à 4 pilules en moyenne par jour, et de 7 visites de contrôle chez le docteur par an, les frais engagés pour le traitement d'une HTA sévère sont importants. "L'existence de frais qui ne sont pas pris en charge incitera ceux qui n'ont pas de complémentaire de santé à prendre moins de médicaments et à consulter moins régulièrement leur médecin", déplore Joël Ménard, qui a calculé que les nouveaux coûts à la charge des patients atteints de HTA sévère pourraient atteindre 323 euros par an, rien que pour les médicaments. Les plus pauvres et les plus malades risquent donc d'arrêter de se soigner.
Pour ces 100 000 malades, le risque est pourtant bien réel. Hémorragie, micro-anévrisme, risque de démence vasculaire (apparentée à Alzheimer), de maladies coronariennes, d'atteintes rénales, de troubles de la vision et d'insuffisance cardiaque : la liste des pathologies résultant d'une absence de traitement pour les hypertendus est longue. De quoi coûter cher à la sécurité sociale. Car de l'aveu même du ministère de la Santé, "les hypertendus qui sont à un stade avancé ont des complications (coronaires, cardiaques, néphrologiques, etc.) qui sont, elles, prises en charge en ALD". Les autorités semblent préférer soigner plus tard une maladie grave déclarée, plutôt que de prendre en charge immédiatement sa prévention.

Calcul économique et politique

Excluons toute considération éthique - selon laquelle laisser des patients voir leur état de santé s'aggraver, ou même mourir, pour économiser de l'argent pourrait passer pour scandaleux. Un tel calcul serait également une aberration économique. Sur les 100 000 personnes atteintes de HTA sévère, 10 à 20 % risquent un accident vasculaire cérébral (AVC) dans les dix ans - sans compter les risques de contracter d'autres maladies invalidantes). La seule prise en charge d'un AVC lié à l'hypertension coûte déjà 30 000 euros par personne. De quoi payer entièrement le traitement préventif de plusieurs patients... Il n'empêche : l'État espère économiser 15 millions d'euros par an avec la suppression de cette ALD. Et se justifie en avançant que les coûts des traitements ayant baissé, la prise en charge à 100 % n'est plus justifiée. Les malades apprécieront.
Pour Ménard, le calcul fait ............... Lire la suite sur ce lien.... http://www.lepoint.fr/sante/le-decret-qui-met-les-hypertendus-sous-tension-12-01-2012-1418158_40.php

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