samedi 26 avril 2014

Sanction pour le chirurgien qui avait enlevé le mauvais rein

Un chirurgien de Saint-Laurent-du-Var avait retiré le rein gauche à une Cagnoise malade du rein droit. Le conseil de l’Ordre a prononcé une interdiction d’exercer d’un mois à son encontre
Un chirurgien urologue de l'Institut Arnault-Tzanck à Saint-Laurent-du-Var a écopé d'une interdiction d'exercer la médecine pendant un mois, entre le 1er et le 31 août prochain.
Cette sanction, prononcée par la Chambre disciplinaire nationale de l'Ordre des médecins fait suite à une première interdiction d'exercer de 3 ans avec sursis, prise en décembre 2012, par la chambre disciplinaire de l'Ordre régional des médecins.
Mais surtout, elle clôt un dossier ouvert depuis maintenant plus de 10 ans à la suite d'une erreur médicale au préjudice d'une Cagnoise, âgée aujourd'hui de 57 ans.
Dialysée et greffée
Malade du rein droit, Patricia Joyot avait été opérée le 1er juillet 2002 par le Dr André Benzaquin, chirurgien urologue à Tzanck « Tout de suite après l'intervention, mon épouse s'est plainte de douleurs du côté du rein sain» rapporte Henri Joyot. Le jour même, dit-il, « le médecin me reçoit, avec la mère de Mme Joyot et nous explique qu'il s'est trompé de côté. Et enlevé le " mauvais " rein» (le sain : Ndlr).
Patricia Joyot est mise aussitôt sous dialyse. Elle sera greffée à l'hôpital Pasteur à Nice en juillet 2003. « Tout s'est très bien passé» dit son époux. Et tout semble aller bien en effet, du moins jusqu'en 2005. « Ma femme avait des difficultés pour s'habiller. Un jour, elle est tombée dans la cuisine. A l'IRM, on diagnostique une tumeur cérébrale. Quand on lui a parlé d'opération, elle était tétanisée» raconte H. Joyot.
Au final, la tumeur cérébrale se révèle être un kyste sans gravité. « Mais son état de santé se détériore avec le temps», explique son mari qui décide, « après une énième complication en 2010» de porter plainte auprès du conseil départemental de l'Ordre des médecins, une procédure civile étant exclue, l'affaire ayant déjà été jugée en 2005 (Mme Joyot avait alors été indemnisée par l'assurance du médecin : Ndlr). La plainte est déposée en mai 2011.
Une cascade d'erreurs
Une interdiction d'exercer pendant 3 ans assortie du sursis pour la totalité de sa durée, est prononcée en décembre 2012 par la Chambre disciplinaire de Marseille. Sanction qui vient d'être substituée par une nouvelle interdiction d'exercer la médecine pendant un mois, cette fois non assortie du sursis, prononcée par le Conseil national de l'Ordre, lequel avait jugé que « la première sanction n'était pas assez forte au regard de la gravité de la faute ».
« Déjà, un mois ferme d'interdiction ce n'est pas beaucoup, mais ce qui nous fait bondir, c'est la période, du 1er au 31 août, pendant les vacances. On se moque du monde», lâche Henri Joyot. «C'est une décision trop arrangeante pour l'auteur d'une faute reconnue et sanctionnée » ajoute son avocat, Me Gilbert Collard.
De fait, le Dr André Benzaquin n'a jamais nié l'erreur médicale. « C'est une histoire ancienne qui m'a traumatisé. Une histoire liée à une cascade d'erreurs de la part de l'équipe, entre l'absence de son aide opératoire, la patiente installée du mauvais côté, etc», nous a-t-il confié au téléphone. À l'époque, la check-list n'existait pas.
Elle n'a été instaurée qu'en 2008. « On a tout fait pour que Mme Joyot soit soignée et greffée au plus vite. J'ai suivi les choses de très près et le conseil de l'Ordre a bien compris qu'il s'agissait d'une erreur de l'équipe. Mais je comprends que Mme Joyot soit dans cet état. Malheureusement, je ne peux pas revenir en arrière», dit encore le Dr Benzaquin qui est très impliqué dans la prévention du risque depuis 2007.

http://www.nicematin.com/cote-dazur/sanction-pour-le-chirurgien-qui-avait-enleve-le-mauvais-rein.1713119.html

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