Un pancréas artificiel qui délivrerait automatiquement de l'insuline ? Les diabétiques en rêvent, les diabétologues en font leur Graal depuis trente ans. Quant aux entreprises et start-up, elles se livrent une bataille acharnée pour être les premières dans la commercialisation d'un dispositif qui pourrait concerner, en France, près de 200 000 personnes souffrant de diabète de type 1.
Pour ces patients, qui découvrent la maladie jeune et doivent la gérer toute leur vie d'adulte, l'intérêt d'un système qui fonctionnerait de manière autonome n'est plus à démontrer. «On a envie de ne plus réfléchir aux doses d'insuline, de ne pas penser au diabète toute la journée », témoigne Fabienne Ragain-Gire, présidente de l'association française des femmes diabétiques.
Menu pizza tiramisu
Dans cette course au pancréas artificiel, la société Diabeloop, basée à Grenoble, liée à la branche innovation du CEA (Commissariat à l'énergie atomique) et au Centre d'études et de recherches pour l'intensification du traitement du diabète (CERITD), espère mettre son produit sur le marché fin 2017. Diabeloop comprend un appareil de mesure du glucose collé sur le ventre et connecté à un smartphone dédié lequel commande une pompe à insuline «patchée» sur le bras. L'algorithme personnalisé du smartphone détermine les doses d'insuline en fonction de chacun. Le dispositif a été testé dans dix hôpitaux (CHU) français dont celui de Toulouse, partenaire du projet depuis dix ans. Deux patients ont été équipés pour deux fois trois jours au cours desquels ils ont consommé des repas plus ou moins gastronomiques, à la cantine de l'hôpital et dans des restaurants, poussant le «challenge» jusqu'au menu pizza- tiramisu, le tout encadré par un infirmier, un interne et un ingénieur.«Tout s'est bien passé. Il fallait éprouver le système hors de l'hôpital. Des comparaisons statistiques vont être menées avec les autres patients en France. Mais les retours sont déjà très bons : au troisième jour, un des deux patients était à 96 % dans la cible de glycémie, un rêve pour les diabétologues», explique le Professeur Hélène Hanaire, chef du service de diabétologie au CHU de Toulouse.
«Dans le diabète de type 1, une maladie auto-immune, le pancréas ne fabrique plus d'insuline. Le patient doit alors s'en injecter au moins trois fois par jour ou porter une pompe. Dans tous les cas, c'est à lui de calibrer les doses, c'est beaucoup de travail et ça ne marche pas à tous les coups. Le rêve, c'est un système autonome mais c'est difficile. Le système artificiel doit être capable de faire comme un pancréas normal avec des sécrétions d'insuline variant de minute en minute. Les modèles mathématiques ont tellement progressé en trois ans qu'on s'en approche », poursuit le médecin qui attend maintenant avec impatience la prochaine phase, en décembre et à domicile pendant plusieurs semaines.
http://www.ladepeche.fr/communes/toulouse,31555,sante.html
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