Les témoignages se multiplient. Et inquiètent. La désormais tristement célèbre maladie de Lyme, transmise par les morsures de tiques, très mal diagnostiquée et soignée en France, se multiplierait au point de provoquer 27 000 nouveaux cas chaque année en France. À minima, car selon l'association «Lyme sans frontières», ce chiffre serait en réalité beaucoup plus important, de l'ordre de «dix fois plus».
Une méthode de diagnostic à l'étude
La propagation est telle que fin juin, le Prix Nobel de médecine Luc Montagnier a jeté un pavé dans la mare. Il a été rejoint depuis par cent autres médecins qui envoient un signal fort au ministère de la Santé en dénonçant «un scandale sanitaire» (lire ci-dessous).«Il est lamentable que les pouvoirs publics et les autorités de santé n'aient pas une politique cohérente sur la maladie de Lyme», a dénoncé le codécouvreur du virus du sida. Pour ce dernier, les tests utilisés aujourd'hui pour détecter la bactérie de Lyme donnent de trop nombreux «faux négatifs», car ils sont basés sur la détection d'anticorps, alors que certains patients infectés n'en développent pas.
Le scientifique, parrain de Lyme sans frontières cherche lui-même, à mettre au point une méthode de diagnostic consistant à détecter dans le plasma sanguin des traces de l'ADN de la bactérie, la borrelia. Le gros problème de cette affection pour laquelle il n'existe aucun vaccin, étant que détectée trop tardivement, elle peut avoir des conséquences neurologiques graves et invalidantes. Sans compter le long chemin de croix qui s'annonce aux malades avant de la faire reconnaître.
Selon «Lyme sans frontières», de nombreux patients, parfois cloués dans un fauteuil roulant, sont «baladés» de médecin en médecin, certains traités de malades mentaux, faute de diagnostic adéquat.
Une plainte contre les laboratoires en septembre
Plus de 250 d'entre eux s'apprêtent à déposer plainte contre les laboratoires pharmaceutiques qui commercialisent les tests. Bio Mérieu et le laboratoire italien Diasorin qui commercialise en France (lire ci-contre).L'un des deux avocats à l'origine de cette action intitulée Lymaction, Me Julien Fouray explique que «dans un second temps, il y aura des responsabilités à chercher contre l'État, qui a validé et imposé un protocole de test dont on sait qu'il n'est pas fiable». Une action en responsabilité civile va être engagée à l'encontre des fabricants «d'ici septembre», devant les tribunaux de grande instance de Paris et de Lyon, précise l'avocat.
La maladie de Lyme s'avère aujourd'hui aussi grave que négligée. Néanmoins, un plan national devrait être annoncé en septembre. Selon le ministère qui a récemment reçu les associations, mais pas leurs avocats, il aura pour but de «renforcer la prévention de la maladie, consolider son diagnostic, améliorer la prise en charge des personnes qui en sont atteintes et associer l'ensemble des parties prenantes dans ce combat.»
«Cela fait quatre ans que l'on nous balade» commente en souriant Me Catherine Faivre (Lymaction). Il était logique que l'annonce d'une plainte déclenche une réaction de l'État. Pour la suite, on verra.»
http://www.ladepeche.fr/article/2016/07/22/2389083-maladie-de-lyme-l-alerte-sanitaire.html
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